Echec et pat
Il se cherche et avance quelques pièces
Sur l’échiquier du social : il veut gagner sa place.
Il croit qu’en brillant sans génie, il parviendra à vous.
A l’aide de son fou, s’écarte comme à moitié saoul ;
Il feint l’ivresse, mais tisse sa toile qui terrasse
D’angoisse, d’empathie et de sa fragile gentillesse.
Par hasard, au bout du monde il transforme un pion
En dame. On s’aperçoit alors de la beauté immonde.
De sa fierté, de sa mielleuse liesse et vaine jalousie.
Il croit voir dans ceux qui le disent écrivaillon
De la concupiscence. Les rivages s’inondent
D’une seule larme de toutes ses rêveries !
Il ne voit pas la souffrance dans l’œil de son ennemi.
Le maillage de l’araignée sur elle-même s’est refermée.
Quelques rares amis veulent le laisser pour mort.
Et même sa famille le préférerait condamné à tort.
Incapable de guerroyer au fil de son épée,
Une soie solide, un cocon cercueil le maudit.
Il avait tout le jeu entre ses mains,
Et croyait avoir loupé son destin.
Il n’y avait pourtant rien ni personne à abattre :
Se bâtir une cahute et profiter du feu au fond de l’âtre,
Lire une histoire qui vous laisse un sourire sain,
Et une tendresse infinie pour une douce putain.
Un sac de nœuds et de tourments pour rattraper le temps.
Il voulait jouer au jeu des rois dans le bal des cœurs battants.
Il a perdu à vouloir gagner en exposant ses tourments,
Bien qu’entourés de maladies, cancers, misères et malheurs violents.
Trop humain même s’est-il cru, quand il jouait au dément.
Prisonnier d’être social, on reste pat et l’on meurt seul, au jeu d’échec des sentiments.