Marcher sur un fil

Du ciment dans les veines
Pour éviter l’hémorragie cérébrale.
Mais lentement les vaisseaux de mon cœur saignent
De la poudre de brique issue de mon mal.

Casser les briques, briser les murs :
Voilà ce que me dit mon fort intérieur.
Ces médicaments mentent à mes terreurs :
Les psys veulent me proposer un monde plus sûr.
Le seul mot qu’ils ont à la bouche est stabilité.
Mais dans quelle mesure puis-je l’accepter ?

J’ai peur de me casser la gueule et j’ai déjà franchi la ligne :
La folie est la pire des souffrances, jouer avec c’est marcher sur un fil.
C’est un défi qui me plaît : apprendre à marcher sur ce fil.
C’est la seule vie qui pourrait me ressembler :

La seule qui me permettrait d’exister !
Tenons le pari, mais ne soyons pas téméraire :
D’abord apprendre à toucher terre.
Sans médicament, c’est faire marcher à fond ma pile :
Les doigts dans la prise, je risque l’électrocution
Ou dans l’océan glacial de la folie l’hydrocution.

William Blake a écrit : « ne vole jamais trop haut qui vole de ses propres ailes ».
Marcher sur un fil, c’est un peu se prendre pour un oiseau.
Je n’en serai jamais un, je ne suis pas si sot.
D’abord me construire un filet de sécurité avant de tenter une vie si libre et si belle.

Car je vais encore me casser la gueule.