Un trou dans la glace

Partir, vers le pire,
Pour oublier le passé.
Partir, vers le néant,
Pour oublier mon présent.
L’avenir s’est figé.
Tristement, je m’y mire.

C’est un lac en hiver.
C’est la honte de mon père.
Le printemps n’est pas venu,
Comme un espoir déçu.
On rêvait d’un été.
Un miroir d’eau nacrée.
La sérénité de l’innocence
S’est perdue dans mon enfance.
J’ai vécu mon automne.
Trente ans, avant l’heure pour un homme.
Mon bateau est parti
S’échouer sur la rive.
La tempête : ma famille, sa folie ;
A précipité sa dérive.

Une eau claire : mon futur ;
A été prise par son froid.
S’y reflétait le ciel :
La douceur de l’éternel.
Mon sang glacé d’effroi,
Je ne rêve plus que d’impur.
Il y a des rires qui raisonnent :
D’agiles patineurs fanfaronnent.
On me prédisait tant d’exploits.
Mes parents ne rêvaient : que de moi.
Maintenant, je m’étale sur la glace.
Puis je rampe, comme le phoque se déplace.
Et le pire, c’est le blanc,
Quand le soleil brille trop fort.
Sur la neige, son reflet aveuglant ;
Ô mes yeux ! Dans le noir, pleurent mon sort.

Parfois une vision, laisse mon cœur palpitant :
Un mirage, comme un trou dans la glace.
Je ne sais, s’il s’agit du début du printemps ;
Ou alors du chemin, vers ma dernière place.