Petite Eternité

La maison de mes parents
J’en ai dessiné les plans
J’avais alors douze ans
C’était un rêve d’enfant
Mon père ne voulait : « pas de couloirs »
Peu de mur pour pouvoir fuir le noir
Laisser passer le plus de lumière
Qu’elle se laisse porter par ses fenêtres

Un jour, il a trouvé un terrain
C’était dans un village voisin
J’avais vingt ans pour les fondations
J’ai trimé avec les maçons
J’ai mis un peu plus de ciment
Le béton solide comme du diamant
Être sûr que le jour de mes cent ans
Elle réjouirait mes descendants

Je serai peut-être mort et enterré
Il y aura encore le noyer
Qui à côté, m’a vu construire
Puis étudier, sourire, et aussi rire
Et quand ses feuilles frémiront
D’un battement d’aile de cupidon
Que les villageois s’étonneront
Comme la musique d’une douce chanson
C’est que résonnera ce battement de cœur
L’amour d’un père pour son enfant
Soigner le malheur de sa maman
De la famille apaiser toutes les terreurs

Tant de heurts qu’ont voulu brisé
La ferveur de nos cœurs assoiffés
Dans le désert de la folie, de la souffrance
Des rêves punis de leur indécence
Petite éternité dans un parpaing
Entouré de champs et de forêts
Qu’à jamais pourront contempler
Le souhait de paix pour mon destin.