Souvenirs du futur

Il y aura un jour une princesse.

Un sourire, à donner aux mourants accablés de douleur l’envie de vivre encore un peu.
Belle, à donner aux désespérés l’envie de crier « la vie est magnifique ! ».
Libre et épanouie, à donner aux prisonniers l’envie de se pendre.
Au regard lumineux, elle sera amoureuse de moi.
Sensible et fragile, à donner à toutes les armées du monde l’envie de la protéger.
Délicieusement espiègle, à donner l’envie à la Terre de tourner dans le mauvais sens pour la faire sourire.
Généreuse en amour, à tuer un marin revenu de mer.
A la voix calme et joyeuse, elle sera dans mes bras.

Il y aura un jour une nuit.

Je ne me souviens plus de l’endroit.
Je me souviens de la Lune, elle se reflétait dans tes yeux.
Je me souviens du sable, qui se collait sur ton corps.
Et j’ai enlevé ce sable, te faisant frissonner.
J’ai entendu ton rire, il apaisait mon cœur.
J’ai entendu ta voix qui séduisait mon âme.
J’ai entendu tes cris, à faire bouillir mon sang.
Et j’ai surpris la mer, voulant t’accompagner
Dans ce concert de vie. Les vagues s’agitaient.
Comme pour encourager mes assauts répétés,
La mer venait vers nous, te voulant dans ses bras,
Puis repartait au large pour mieux te retrouver.
Et j’entendis soudain, alors qu’elle faiblissait,
La plage lui murmurer de doux mots séduisants.
Myriades de grains de sables que la mer emportait,
La suppliaient alors de prendre de la force.
Quelques heureux grains ; que j’avais rejetés
De ton corps délicat ; leur avaient raconté
Le bonheur d’avoir pu se coller à ta peau.
Et moi qui profitais, je les comprenais bien…

Alors soudain la mer ; convaincue que l’effort,
Qu’elle avait à fournir pour t’enlacer le corps,
Serait assurément couronné d’un succès ;
Se mit à rassembler les forces qui lui restaient.
Un long silence se fit, la mer se préparait.
Cette rupture soudaine de la monotonie
De notre étreinte délicieuse ; où je m’étais perdu ;
Me fit prendre conscience qu’il s’agissait de toi.
Cette fille nue et belle, qui se cambrait sur moi,
Se voulait ma princesse, ce n’était pas un rêve.
Et comme pour le prouver, le plaisir monta.
Et la vague tomba sur nos corps en feu.