Jusqu'à la Lune
Trois heures du matin, assis sur un banc.
Un lac à la surface aux reflets de Lune,
Qui ne brille que pour moi.
Sa lueur me glace de joie
Dans l’ivresse de ma bière brune.
Soudain je fonds en sanglots et vertigineux tourments :
Et si quelqu’un la contemplait en même temps que moi ?
Dans cet ailleurs que la nature me voile,
Un monde caché derrière une colline arborée.
De son imagination toute déployée
Un autre se laisse aller à la violer jusqu’à la moelle
Et s’épancher dans sa peau toute de soie.
Elle était bien trop belle pour être ma captive.
Trop lointaine et cruelle,
Je la voulais mienne, entière, éternelle,
Gigantesque : pas une autre étincelle chétive !
Je ne la savais volage femme
Et devenait fou de l’imaginer sienne.
Résigné au désespoir qu’il la tienne.
Oh cruel rival, amant prométhéien
Qui a piétiné joyeusement mon destin,
De mes pensées a volé la flamme.
Et trop las pour me battre,
Remonter le temps
D’une marâtre horloge
J’ai posé mon nom sur l’océan glacée nécrologe :
Je me suis noyé par égarement
Et jalousie dans ce lac bleuâtre.