
Un chemin
L’humanité n’est qu’animale
Pour ceux qui naviguent en surface.
Sous l’étau de nos sens, notre être rapetisse.
Nous concentrons nos envies et nos vices
Dans le plaisir, et notre âme trépasse
Pour la flamme d’une femme fatale ;
Ou pour caresser un cœur blessé.
Notre humanité n’est qu’animale :
Nous sommes sociaux pour que les estropiés
Du cœur aient au moins le droit à une vie banale ;
Ou pour que ces violents et sanguins
Aient accès au souffle de l’ivresse et au rire du vin.
Nous savons être vulgaires et railleurs pour que nous, pires crétins,
Puissions avoir le droit de respirer et d’embrasser une putain.
Sous l’étau de nos sens, notre âme rapetisse,
Nous concentrons nos envies et nos vices
Pour que notre ego et espoir de grandeur s’effacent
Et que naisse une humanité rieuse sachant entreprendre et jouer à pile ou face.
Oublions parfois notre divin pour n’être qu’un importun :
Une goutte d’eau trouble, noyée dans l’océan du limpide.
Ne gonflons pas trop notre âme d’une morale mortifère et acide.
Gardons une âme modeste, bienveillante et menue.
Sachons être francs, sachons être à nu.
Oublions la grandeur et jouons paisiblement à ne pas être saints.
Philosopher à un café,
Dévoiler nos peurs et nos rêves,
Sortir de notre routine pour une trêve,
Se prendre pour Dieu à comprendre le monde,
Ou jouer au sage, conscient qu’il n’y comprend rien,
Ou à un simple animal qui ne sait s’il fait le bien, s’il fait le mal.
Avoir l’âme à dos, honnie.
Avoir le cœur blessé, et les sentiments malades.
Puis frissonner de tant imaginer et de se croire compris.
Puis s’asphyxier de craintes et de peurs quand on se sait incompris.
Puis se réconcilier avec l’autre
Qu’on ne comprend pas non plus car il n’a pas les mêmes mots.
Mais dans un regard complice, ou une poignée de main, un clin d’œil, ne plus se sentir seul.
Ne pas trop avoir peur de nos lubies et liesses :
Savoir que d’autres œuvrent aussi à grandir ce monde de leur sensibilité et gentillesse.
Se sentir naïf, perdu, mais savoir que beaucoup le sont, et veillent aussi.
Espérer que d’autres aussi ressentent les mêmes maux.
Pour que le bien de ce monde ne se résume pas à soi.
Pour que le grégaire nous grandisse, nous protège et nous couve.
Croire que la société est une aimante louve.
Se sentir abrité des tempêtes et des bourrasques
Qu’assènent les cœurs souffrants et jaloux.
Savoir que des vrais méchants, il n’y en a pas beaucoup.
Transformer un violent en rieur.
Voir un taciturne devenir grand parleur.
Susciter un sourire en sifflant.
Ressentir son cœur battre en chantant.
Aimer même trop, même faux.
Faire l’amour, qu’on soit laid ou bien beau.
Faire l’amour prosaïque,
Ou bien même platonique.
Exister même imparfait.
Savoir vivre insatisfait.
Au-dessus de la surface
Et des incertains piles ou faces.
Il y a ceux des hautes sphères
Qui parait-il existaient naguère.
L’un s’appelait Socrate, un autre Lao Tseu :
Mais je ne rêve plus aux cieux.
Essayer d’être bon et innocent sans être trop niais.
Ne pas trop pleurer de ces autonomes
Où nous ne sommes que bêtes de somme.
Ressentir le doute d’un demain,
Mais essayer de prendre sa vie par la main :
Savoir qu’il y aura encore un été.
Je ne veux pas un destin :
Je fais le vœu d’être humain.